jeudi 26 octobre 2006

Kolwezi : les femmes préfèrent travailler et gagner leur vie sur la terre plutôt que dessous !...

Source : Syfia
Date de survenance : octobre 2006, et avant, et après !
Date de première publication sur Internet : 26 octobre 2006

Texte intégral :
RD Congo : Katanga : travailler sur la terre plutôt que dessous à Kolwezi

(Syfia Grands Lacs/RD Congo)

Pour nourrir leurs familles, des milliers de femmes travaillent dans les mines du Katanga. Pour ne plus risquer leur vie, certaines préfèrent aujourd'hui faire des cultures maraîchères.

Une activité moins rude et tout aussi rentable.
"Je travaillais dans des mines du matin au soir, pour faire vivre mes enfants et aider mon mari à tenir le coup. J’entrais même dans des galeries profondes et peu éclairées pour extraire les minerais…", explique Bestonie Omba. Cette mère de quatre enfants est heureuse et totalement soulagée d’avoir aujourd’hui abandonné la vie dure que mènent de nombreuses femmes de la province du Katanga, au sud-est de la République démocratique du Congo, pour gagner un peu d’argent dans des carrières minières. "C’était pénible, dit-elle avec regret. On gagnait 1000 à 1500 Francs congolais (2 à 3 $) par jour !".

Depuis mai 2006, Bestonie fait partie d’un groupe de 30 femmes de Kolwezi qui ont courageusement décidé de quitter les carrières et mines pour monter une petite coopérative agricole.
Elles ont été traumatisées par leurs propres souffrances et risques quotidiens, les drames qu’elles ont vécus et qu’elles ne sont pas prêtes à oublier.
"J’ai encore frais en mémoire la mort tragique d’une de nos collègues, raconte Kashal Rusang. Elle avait une grossesse. Elle est morte lors d’un éboulement alors qu’elle était en pleine opération d’extraction de minerais…"

Ce drame avait poussé les femmes de Kolwezi à organiser une marche pour protester contre leurs conditions de travail dans les mines. "A partir de ce jour j’ai eu un total dégoût pour ce travail", affirme Kashal. Quand l’idée de créer la coopérative agricole lui a été soumise, elle n’a pas hésité un seul instant à y adhérer.

Heureuses d’arroser les champs
Réunies en coopérative, ces femmes ont reçu chacune 1,5 ha de terres arables dans une ancienne concession minière de la Gécamines.

Située à 12 km du centre de Kolwezi, le terrain a été cédé à une nouvelle entreprise minière privée qui apporte son appui technique et financier à la coopérative.

Les 40 ha de terres mis à la disposition des femmes s’étendent sur une vaste plaine au bord de la rivière Mutoshi qui déverse ses eaux dans le Lualaba, la source du fleuve Congo. La société a préparé le sol et leur a remis des semences. Elle leur donne aussi une petite assistance financière journalière de 1 000 Fc.

Les champs individuels encore verts sont délimités par des piquets peints en blanc. Sur des plates-bandes bien alignées, chaque femme fait les cultures de son goût : pommes de terre, carottes, tomates, salades, choux pommés ou choux de Chine…

Elles sarclent et arrosent quotidiennement leurs cultures. A la récolte, les trois-quarts des produits seront achetés par l’entreprise qui les assiste. Le reste sera vendu sur les marchés de la ville. "Aujourd’hui je m’estime heureuse et physiquement en forme, reconnaît Kashal. Car arroser un champ n’est pas aussi pénible que descendre dans un puits pour y extraire des minerais".

Penser à l’après cuivre !
Grâce à ces cultures, ces femmes espèrent désormais bien gagner leur vie. "Une caisse de tomates de 20 kg coûte 18 000 Fc (± 35 $) sur le marché local, avise Kashal Rusang. Chacune de nous peut produire jusqu’à 1 000 kg. Nous n’avons plus rien à envier celles qui sont restées dans l’exploitation minière !".

"Les Congolais doivent penser à l’après cuivre. Car contrairement aux minerais qui s’épuiseront un jour, la terre, elle, restera", conseille un exploitant minier.

Selon l’Association des exploitants miniers artisanaux du Katanga (EMAK), 700 femmes travailleraient encore dans ce secteur dans la seule ville de Kolwezi. Elles seraient environ 5 000 dans toute la province du Katanga, où l’on estime à près de 100 mille le nombre total d’hommes, de femmes et d’enfants creuseurs artisanaux des minerais de cuivre, de cobalt et de coltan.

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