vendredi 22 juin 2007

Kinshasa : interview de Simon Tumawaku Bawangamio, président du Conseil d’administration de DCP, partenariat entre la Gecamines et Nikanor à Kolwezi.

Source : Congoforum.be, Le Potentiel
Date de survenance : 22 (?) juin 2007
Date de première publication sur Internet :22 juin 2007

Texte intégral :
Cinq questions à Simon Tumawaku Bawangamio, par Faustin Kuediasala (Le Potentiel)
Ancien ministre des Mines et président du Conseil d’administration de la DCP.


1. L’actualité est dominée ces derniers jours par la revisitation des contrats miniers, quel est votre commentaire à ce sujet ?

Effectivement, pour le moment il y a une commission qui revisite les contrats miniers.
Ce qu’on peut dire de cette commission est que depuis un certain temps, il n’y a pas eu des informations vers le public sur les contrats signés par l’Etat dans le secteur des mines.
Le public a maintenant une occasion de savoir ce qui s’est fait dans ce secteur.
Je crois que c’est une demande légitime de la part de la population.
Mais, de l’autre côté, après les élections démocratiques et la mise en place des institutions de la 3ème République, le pays veut maintenant s’engager sur la voie de la reconstruction.
Et pour y arriver, nous avons besoin d’investisseurs.

Un contrat, comme tout le monde le sait, c’est 2 parties qui essayent de négocier les termes de référence sur lesquels elles vont s’associer.
C’est très important de tenir compte de tous ces éléments avant d’entamer le processus de revisitation.
S’il y a eu des contrats mal négociés, c’est bien de les revoir, mais je crois que la plupart des contrats visés par ce processus sont ceux notamment qui sont censés apporter un souffle nouveau pour la relance du secteur minier.

2. Est-ce que ce processus ne risque pas d’arrêter l’élan suscité en 2002 avec le nouveau Code minier ?

C’est vrai.
Raison pour laquelle je crois que la revisitation ne devait pas prendre beaucoup de temps parce qu’on dit maintenant que pendant cette période de revisitation les entreprises concernées doivent interrompre leurs activités.

Or, nous avons besoin de ces gens pour relancer notre industrie minière.
C’est donc paradoxal.
Car, en même temps qu’on veut donner une certaine transparence à ces contrats, il ne faudrait surtout pas que ça prenne beaucoup de temps.
L’investissement minier est très complexe, généralement le temps de récupération du capital investi se situe entre 5 et 10 ans.
Le fait aujourd’hui de revisiter les contrats miniers peut certes retarder l’élan créé par le Code de 2002, mais si cette révisitation ne se tire pas en longueur, cet élan peut reprendre…

3. Aussi légitime que soit le processus de révisitation, quelles peuvent être ses principales conséquences pour le pays ?

Je pense que cela dépend plus des termes de référence de la commission et de la manière dont elle va juger les contrats.
Pour le pays, c’est plus sa crédibilité au niveau international qui risque d’être entamé par ce travail.
Car, le pays a signé des contrats avec des privés à des moments difficiles, quand tout le monde n’avait pas confiance en ce pays pour raison d’instabilité politique.

Aujourd’hui, comme le président de la République vient de le dire à la face du monde en Afrique du Sud, il n’existe plus de risque politique au pays - d’où, l’arrivée des grands investisseurs miniers tels que BHP Billiton.

Je crois que, nous peuple congolais et l’Etat en même temps, nous devons juger ces investisseurs plus par rapport aux engagements qu’ils ont pris.
Je pense qu’au lieu de faire la revisitation, on devrait commencer par l’évaluation de ces contrats, pour voir là nous en sommes, avant d’entamer une quelconque relecture.
Il est bon de ne pas encore freiner - comme il en a été le cas avec la transition 1+4 - l’élan créé par le Code depuis 2002.

Car, l’on doit reconnaître que les gens investissent réellement sur terrain.
Il suffit de faire un tour, par exemple, à Kolwezi pour s’en rendre compte.

4. Parlons du Code minier, certains trouvent qu’avec la revisitation des contrats, il est temps aussi de penser à sa révision, qu’en dites-vous ?

Je pense que la maladie des Congolais est que nous prenons de bonnes lois, mais avant que nous ne les mettions en pratique, nous nous empressons de les changer.

Le Code a certes, avec la collaboration de la Banque mondiale et de l’expertise nationale, donné un certain équilibre entre l’Etat, le peuple congolais et les investisseurs.

Malheureusement, promulgué en juillet 2002, le Code a vu son élan freiner en 2003 avec la transition, car tout était focalisé vers les élections.

Maintenant, nous devons appliquer le Code et renforcer les capacités de l’administration des mines pour un contrôle rigoureux en vue de s’assurer de son application.
C’est le plus important aujourd’hui.

Ce n’est qu’après qu’on peut envisager une quelconque réévaluation suivant les dispositions prévues dans le Code, notamment un minimum de 10 ans d’application pour une possible révision.

Aujourd’hui, il faut laisser le Code évoluer.
Ce n’est qu’au terme de ce processus que le Parlement et le gouvernement peuvent voir ce qu’il y a à améliorer ou à réajuster.

5. Parlons concret, vous êtes sur terrain avec le projet DCP à Kolwezi, où en sommes-nous aujourd’hui?

La Drc Copper and Cobalt Project (D.C.P.) est un partenariat entre la Gecamines et Nikanor, une société cotée en bourse à Londres.

La DCP va investir à Kolwezi pour développer les mines à ciel ouvert de KOV et les 2 petites mines de Tilwezembe et de Kananga.

Pour cela, avec la construction d’une nouvelle usine de raffinage de cuivre où sera développée une technologie hi-tech en la matière, la DCP pense produire, d’ici 2009, 250.000 tonnes de cuivre et 25.000 tonnes de cobalt.

L’investissement total est estimé à 1,8 milliard de dollars américains.
Ce qui en fait un des gros investissements miniers en œuvre en RDC.
La construction de l’usine va bientôt démarrer.
Mais, on a déjà entrepris des travaux préliminaires, notamment la remise à niveau du concentrateur de Kolwezi et la réhabilitation de 120 km de route entre Kolwezi et Nguba.

Tout ceci permet de désenclaver la ville de Kolwezi.
Et, je dois dire que les choses marchent réellement, car il y a 2 ans, Kolwezi était une ville morte, mais aujourd’hui la reprise des activités y est perceptible.
Il faut que les gens se rendent sur place pour voir au lieu de s’empresser à critiquer.

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