mardi 24 avril 2007

Kolwezi : cuivre, cobalt… stockés dans des maisons et pollution atmosphérique peu combattue !

Source : mediacongo.net,Syfia Grands Lacs/TdT
Date de survenance : avril 2007, et avant, et après !
Date de première publication sur Internet : 26 avril 2007

Texte intégral :
Kolwezi : cuivre, cobalt… stockés dans des maisons

Pour faire vivre leurs familles, de nombreux propriétaires de Kolwezi au sud de la République démocratique du Congo louent une partie de leur maison et de leur parcelle pour entreposer des minerais.
Sans souci de la pollution et des graves risques pour la santé de ceux qui y habitent.
La Mairie réagit.

« Je gagne chaque mois 1.500 $ grâce au contrat de location de ma maison », affirme M. Kafwimbi.

Depuis une année, ce père de famille de 52 ans vivant à Kolwezi, ville minière située à environ 300 km de Lubumbashi (province du Katanga), loue sa parcelle de 50 m sur 30 m et quelques pièces de sa grande maison à des exploitants miniers somaliens, qui y stockent des minerais de tous genres.

A l’entrée de son terrain, les visiteurs sont frappés par la sécheresse qui attaque en pleine saison de pluie – le potager familial : les avocatiers ont perdu anormalement leur feuillage.

Dans la cour sont entassées près de 400 tonnes de minerais emballés dans des « big-bag » (sacs de 100 kg et 50 kg).
Même décor dans le couloir salon de la maison où sont gardés les minerais tamisés et prêts pour le chargement.

Lors de l’opération de tri, les minerais dégagent une nuée de poussière qui se répand dans la maison et la parcelle et affecte un rayon de 3 habitations environnantes.

Ancien de la Gécamines aujourd’hui au chômage, M. Kafwimbi qui est père de 8 enfants, n’est pas prêt à quitter sa maison pour aller habiter ailleurs.
« Ce serait du gaspillage », déclare-t-il. Avec sa grande famille, il s’est confiné dans une petite annexe à la grande maison, transformée en dépôt.

C’est dans cette promiscuité déconcertante que cohabitent, à côté des stocks des minerais de cobalt, de cuivre et d’hétérogénite (mélange des 2 minerais), de nombreuses familles de la ville de Kolwezi.

Beaucoup parmi eux sont des anciens « gécaminards », partis en retraite en 2.003, dans le cadre du programme de redressement de l’entreprise mis en place par le gouvernement, avec l’appui de la Banque Mondiale.

Sur l’avenue qu’habite la famille Kafwuimbi dans le quartier Mutoshi, dans la commune de Dilala, on compte ainsi 3 parcelles sur 10 qui ont cédé une partie de leurs terrains aux exploitants miniers.
Ces dépôts dérangent les riverains, qui se plaignent de graves problèmes de santé et d’environnement.
« Ni les bailleurs, ni les locataires ne semblent préoccupés par la question de la pollution de l’environnement », s’indigne un habitant qui s’en est plaint aux services de l’environnement de la place.

Le maire veut réagir.

Jean-Claude Penge Kalenga, chargé de la surveillance continue de l’environnement à Kolwezi, est d’avis que les opérations minières ne sont acceptables que dans les quartiers industriels et non résidentiels.
"Nous cherchons une solution pour évacuer tous les dépôts vers les quartiers industriels", dit-il. "La poussière toxique que dégagent ces dépôts à proximité de la population est inacceptable".

La plupart des exploitants miniers (asiatiques ou anglo-saxons) évitent en effet de s’installer durablement dans la région et d’y investir.
Ils se contentent d’acheter des minerais bruts qu’ils entreposent dans des quartiers résidentiels, avant de les exporter…

Sur le terrain, une équipe de recensement est à pied d’œuvre.
Elle procède au comptage des maisons des particuliers transformés en dépôts, et fera le rapport au maire de la ville.
Ce dernier a promis de prendre un arrêté interdisant d’entreposer des minerais dans les résidences.

Mais cette décision annoncée n’est pas du goût des propriétaires de ces maisons qui en tirent de substantiels loyers : entre 1.000 et 2.000 $ le mois.
« Je suis en chômage depuis 4 ans. Moi et ma famille ne vivons plus que grâce au loyer qui nous permet de préparer l’avenir de mes derniers enfants encore à l’école », proteste Jean-Claude Tshinyama, 50 ans, ancien ingénieur technicien de la Gécamines aujourd’hui en retraite.

Bailleurs inconscients

D’autres habitants de Kolwezi dont c’est la seule source de revenus familiale, espèrent que l’Etat pourra alléger sa mesure et autorise les dépôts dans les parcelles.
Mais ils semblent être très peu conscients des risques qu’ils courent.

Selon le Dr Yvon Kamuanga, médecin du travail à la société minière Kamoto Operating de Kolwezi, « une inhalation continue des poussières toxiques cause parfois des maladies incurables qui peuvent entraîner la mort ».
Il met en garde la population exposée à ces poussières minérales contre le risque de contraction des maladies pneumoconioses (des maladies liées à l’accumulation de particules minérales dans les poumons) dont la silicose et la tuberculose, ou d’autres.
"3 familles sur 10", prévient le médecin,"absorbent à longueur des journées des poussières toxiques dans les avenues de Kolwezi".

Reportage d'Eliane Tshilobo

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