mercredi 26 avril 2006

Deux agents d'une compagnie minière brûlés vifs au Katanga , à Kolwezi

Source : DigitalCongo.net, Le Phare
Date de survenance : 25 avril 2006
Date de première publication sur Internet : 26 avril 2006

Texte intégral :
Une forte tension prévaut actuellement à Kolwezi au Katanga où il est signalé que deux agents d’une société minière ont été brûlés vifs par la population instiguée par des responsables d’une compagnie concurrente

Deux agents de la compagnie manière canadienne Avril Mining ont été brûlés vifs mardi dans l’incendie des locaux de l’entreprise, déclenché par des mineurs illégaux à Koiwezi, dans le sud est de la République démocratique du Congo, a-t-on appris de source officielle.

“Des creuseurs illégaux, qui avaient été chassés d’un site de la société, ont mis le feu à des locaux où se trouvaient un cuisinier et agent de sécurité. Il n’ont pas pu sortir et ont été brûlés vifs », a déclaré à l’AFP le vice- gouverneur du Katanga, Diemu Tchikez, joint par téléphone à Kolwezi, à 250 km au nord-ouest de Lubumbashi, capitale de la province.

« Les creuseurs avaient été chassés la veille de la concession de veuille et ils ont affirmé que les vigiles de la société avaient jeté l’un des leurs dans un puits », a expliqué M. Tchikez, indiquant que cette version de l’expulsion était contestée par les agents de la société de sécurité, engagés comme sous-traitants par Anvil.

Mais, selon un témoin de l’intervention des agents de sécurité, joint par l’AFP, « les vigiles ont jeté un mineur, Kayembe Mokoji, dans un trou d’eau de la mine et il s’est noyé ».

A l’annonce de la mort de ce mineur, les habitants de son quartier se sont dirigés vers la mairie de Koiwezi, où ils n’ont pas été reçus selon des témoins, avant de marcher vers les locaux d’Anvil Mining.

Cette société minière, qui exploite depuis plusieurs années des gisements de cuivre au Katanga, s’est récemment installée à Kolwezi où elle a obtenu une concession d’où elle tente de chasser les mineurs artisanaux.

Le vice- gouverneur a indiqué qu’il allait s’entretenir dans la journée avec le syndicat des Exploitants miniers artisanaux du Katanga (Emak) pour « apaiser la situation ».

« Mais il est inacceptable de voir des creuseurs incendier des locaux. Nous condamnons ces actes”, a-t-il déclaré, appelant a « sécuriser les investisseurs » en RDC.

De son côté, l’Emak dénonce régulièrement des expulsions brutales de mineurs de sites qu’ils exploitaient sans contrainte depuis des années.

Selon des organisations non gouvernementales internationales, de 50.000 à 70.000 « creuseurs illégaux » travaillent dans les carrier du Katanga, d’où ils extraient de l’hétérogénéité (minerais mélanges) qu’ils vendent à des négociants intermédiaires ou à des sociétés, qui se sont multipliées à la faveur de la flambée des cours mondiaux du cuivre.

A Kolwezi, au coeur de la ceinture de cuivre du Katanga, plusieurs sociétés internationales ont obtenu récemment des concessions, via la création de joint-venture avec la Générale des mines et carrières (Gécamines), société nationale qui a longtemps détenu le monopole de l‘exploitation du cuivre avant de s’effondrer à la fin des années 80.

Plusieurs contrats, qui accordent une exonération fiscale totale et un transfert de titres miniers à des sociétés internationales, ont été dénoncés en juin 2005 par une mission parlementaire congolaise, qui a exigé en vain leur renégociation ou leur résiliation.

La ville de Koiwezi située à 300 km de Lubumbashi a connu hier une ambiance particulière. De nombreux creuseurs indépendants de cette ville katangaise ont investi la rue pour protester contre le meurtre de l’un de leurs dans des conditions inacceptables. Le siège de la compagnie canadienne Mining dont des membres sont cités parmi les responsables de cette mort a été saccagé. L’hôtel hébergeant de nombreux agents de cette entreprise a été brûlé avec deux de ses occupants.

Toutes ces précisions ont été livrées à la Tempête des Tropiques par des correspondants locaux. Radio Okapi dans ses divers journaux en a aussi fait allusion. Ces différents témoignages ont reconnu la vive tension perceptible hier mardi 25 avril sur toute l’étendue de Kolwezi où le vice-gouverneur du Katanga, le Pprd Tshikez Diemu, un ancien de cette ville pour y avoir donné le cours de français à l’école secondaire de la Gécamines, est allé calmer la tempête. Déjà, pendant la journée d’hier, les creuseurs auxquels s’étaient associés d’autres jeunes tenaient à investir la mairie, les forces de l’ordre les en ont dissuadés en tirant plusieurs coups de feu en l’air.

Ce meurtre est survenu à un moment où la population locale rumine de colère contre ceux qui ont précipité la Gécamines dans l’abîme. La plupart de ces anciennes installations ont été bradées. De nouvelles unités ont été créés avec la bénédiction des dignitaires katangais bien connus sur les sites de ces usines ayant fait jadis la fierté de la province cuprifère et du pays. Sensibilisée ces derniers temps par la société civile, cette population entend se venger contre ces pourfendeurs lors des élections.

Kolwezi compte à côté de Likasi, Kambove, Kipushi, Kakanda, parmi les entités administratives ayant hébergé des usines, mines et autres infrastructures modernes de la Gécamines. A l’heure qu’il est et à la suite d’une mauvaise politique de la terre brûlée, ces villes ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes.

(Ern) MKM | Le Phare

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